Un petit trésor dans un endroit perdu, au milieu de bois et de prés qui sentent la menthe.
Ce fut pour échapper aux incursions des Sarrasins, qui vers le Xe siècle firent leur entrée dans l'intérieur des terres ligures en semant la destruction, que les habitants de Saliceto se déplacèrent vers le petit hameau de Lignera, plus sûr, où fut construite la petite église, qui fut l'église paroissiale jusqu'en 1550. Jusqu'ici, c'est une histoire comme tant d'autres dans la Langa, mais cette petite Église de San Martino de Lignera abrite un cycle de fresques si belles et si originales qu'elles lui ont valu une place parmi les monuments nationaux de notre Bel Paese. Le choix du grès pour sa construction fut particulièrement judicieux. C'est en effet grâce à cette pierre, qui ne laisse pas passer l'humidité, que nous sont parvenues les merveilleuses fresques du XVe siècle qui peuplent de symboles et de regards les murs du presbytère et de l'abside. On ne dispose d'aucune information sur les auteurs de ce cycle de peintures, il pourrait s’agir de pèlerins de passage, mais on peut observer au moins deux styles, l'un attribuable aux maîtres, l'autre, plus essentiel, provenant probablement de quelque jeune élève. Les couleurs qui nous inondent tout comme le soleil quand le ciel est dégagé ne passent certainement pas inaperçues : jaunes, oranges, rouges et teintes vives.

Des fenêtres à meneaux construites d'un seul bloc, un clocher reconstitué et bien des mystères.
Un autre détail unique ne passe pas inaperçu, quelque chose que l'on trouve rarement dans un site religieux de l'époque médiévale, à savoir une touche d'ironie. Regardez le cheval de San Martino, il rit. Même les chevaux du tournoi ricanent. Et que dire de ce serviteur qui semble amusé d'assister à la guérison miraculeuse ? Ou cet affreux archer qui, voulant transpercer d’une flèche San Sebastiano, se la tire stupidement dans le cou ? De nombreuses curiosités caractérisent cette petite église ainsi que les mystères qui l'entourent. Il suffit de dire que le clocher de style roman a connu à un moment donné de sérieux problèmes de stabilité en raison de son inclinaison. C'est ainsi que dans les années 1950, un maçon local le démonta pièce par pièce, en numérotant chaque bloc, puis il le reconstruit tel qu’il était auparavant... ou presque : certains racontent qu'après tant de travail minutieux, il lui resta une pierre. Va savoir?