Art Roman de San Damiano d’Asti

Cette église romane fait partie d'un patrimoine de plus de 80 édifices religieux, construits entre 1000 et 1300, principalement en pleine campagne ou dans des cimetières, caractérisés par de simples façades à double pente en grès, en pierres et en briques.  Nous sommes sur la Via Francigena, un ensemble de parcours alternatifs, qui de Canterbury et la France conduisaient à Rome, pour lesquels, d’un couvent à l’autre, les églises de campagne servaient de point de repère et d'hébergement pour les pèlerins.

Nous passons à côté de Baldichieri d'Asti, pour rejoindre Castellero sont le magnifique Château possède une Tour en forme de losange, rare. De là, vous pouvez dévier pour Villafranca d'Asti (l'Église paroissiale de Sant'Elena del Castellamonte est remarquable) et de Cantarana, pour continuer en direction des petits villages de Maretto et Roatto (magnifique Château privé). Le prochain village, Monale, nous offre deux Châteaux (le blanc avec la tour élancée, « la Bastita », et le grand château rouge imposant, appelé « degli Scarampi », tous deux privés) ; le village vaut une visite à pied, entre ruelles montantes et maisons historiques. Le paysage est maintenant plus « sauvage » et nous donne une idée de la façon dont les voyageurs au Moyen Age voyait le Monferrato, plein de dangers et de superstitions populaires : dans le village voisin de Cortandone, il y a la Fête delle Masche (sorcière) qui reprend les légendes sur les sorcières et les lutins des bois.

Plus en haut, nous attend Cortazzone (village médiéval avec un beau Château, à explorer à pied), avec la colline de Mongiglietto et l’Église de San Secondo, un des principaux chefs-d'œuvre romans d’Asti : ci, vous pouvez admirer le long des trois nefs et sur les façades extérieures les «pierres parlantes» qui raconte la nature et la vie, à travers des animaux et des symboles de la fertilité. Les petits villages voisins de Soglio et de Viale offrent des Châteaux privés et des paysages enchanteurs dans lesquels mille autres villages du Monferrato apparaissent parmi les crêtes boisées.

Montafia (dont il ne reste de l’imposant Château que les remparts) nous attend, avec deux très belles Églises de cimetière romanes: San Martino, avec quelques fresques du Saint (XVe-XVIe siècle) et l’extraordinaire Église San Giorgio dans le hameau de Bagnasco (où nous trouvons également une porte de ville et les ruines du château) avec trois nefs et trois abside, éclairée uniquement par la lumière naturelle qui passe à travers quelques fenêtres, la charpente apparente de la couverture à double pente, tandis que certaines fresques plus tardives décorent des parties des absides et en augmentent le charme.

Nous passons ensuite par Capriglio, un petit village où Margherita, mère de Don Bosco, est née et célèbre pour ses poivrons « en forme de cœur » ; les deux Églises de San Martino conservent quelques vestiges romans.

À Buttigliera d'Asti, nous sommes maintenant en plaine, sur le Pianalto d’Asti, qui fait partie du haut plateau morainique de Turin et qui est la plage de la mer Adriatique préhistorique, il y a environ 5 millions d'années. Ici, nous attendent une autre magnifique chapelle de cimetière romane, et l'Église San Michele Arcangelo signée Vittone avec le clocher de 52 mètres de son élève Quarini.

Les villages défilent les uns après les autres, comme Crivelle (patrie de la célèbre « poule blonde de Villanova »), San Paolo Solbrito avec son importante Église paroissiale et le bourg romantique avec son Château, Dusino San Michele avec les vestiges romans dans son Église paroissiale et ses deux Châteaux, et enfin, Valfenera avec le beau « Cioche Mocc » (le clocher).

Derrière cette plage imaginaire se trouve Villanova d'Asti - nomen omen - avec son centre historique agréable, son incomparable Église paroissiale de San Martino (de style roman lombarde, avec deux tableaux de Moncalvo), ainsi que l’Église romane de San Pietro (avec une fresque de l'école giottesque et deux autres tableaux de Moncalvo). L'ancien Monastère franciscain (qui deviendra plus tard Palais De Robertis) alterne les arcades couventuelles avec une contre-façade néo-gothique. Le beffroi surplombe le centre historique, comme les deux curieuses « Bicocche » (tours de guet) qui, en pleine campagne, veillent sur le village.

Parmi les champs cultivés, nous trouvons l'ancien village de Corveglia, autrefois puissante prévôté, ensuite transformée en château, puis en ferme pour finalement retrouver son ancienne splendeur dans les années 90.

De Valfenera, le retour à San Damiano d’Asti file tout droit comme un fuseau, traversant Ferrere (it. Roero de Canale). Nous voilà à nouveau dans le « Proto Adriatique », devenu aujourd'hui une mer de belles collines.

Textes de Pietro Giovannini